
QUI SOMMES NOUS ?

Conversation avec
Richard Delassus
Créateur de Nana Leone
Par Pauline Mallat, journaliste et créatrice de LaGrandeBlonde
Il est 9h quand je sonne à la porte de Richard. Le cheveu en bataille, le sourire aux lèvres, il m’invite à entrer, me propose un café alors que ses 2 chiens – jamais très loin – viennent sautiller et se poser, pour l’un d’eux alors que je m’installe dans la salle à manger, sur mes genoux. Il règne dans cet appartement, une jolie harmonie de bêtes à poil ronronnantes et aboyantes, de plantes grimpantes, d’objets soulignant l’amour du beau dans une esthétique de l’espace rappelant celles de Huysmans, d’Oscar Wilde et où les collections – livres, bougies, mobilier, chandeliers, papillons et autres insectes naturalisés… – se mêlent dans un joyeux mélange duquel se dégage un hymne à la beauté, à la vie et à l’amour. Impossible en effet de ne pas ressentir la présence de celui qui a partagé sa vie pendant plus de 10 ans, celui avec qui il a accumulé ce magnifique bric à brac, celui dont on retrouve partout l’image au gré des photos témoins de leur bonheur passé, celui qui a inspiré à Richard la création de Nana Leone, gardant à travers chemises et bougies, le souvenir d’un amour vrai si tragiquement écourté avec la disparition de l’homme de sa vie : Davide Renne.
Moi : Raconte-moi un peu comment tout cela a commencé ? Ta marque ? Ton envie de faire des vêtements ?
Richard : L’idée m’est venue après le décès de mon homme en 2023, alors que ma meilleure amie passait l’une de ses chemises. J’ai trouvé l’allure vraiment très cool et l’idée d’une marque hommage en souvenir de Davide m’est apparue comme une évidence. Et puis Davide m’avait toujours soutenu à créer et réaliser les idées que j’avais en tête. Il adorait notamment les petites écharpes que je tricotais à la main et que j’offrais à tour de bras à tous nos amis. Cette envie était donc présente depuis un moment et c’est Davide qui, déjà de son vivant, me poussait à croire en moi. Quand il est mort, cela est devenu une urgence.
Moi : quelles pièces propose ta marque Nana Leone ?
Richard : essentiellement des chemises car Davide en portait beaucoup. Des chemises oversize qu’on trouvait autant dans les marchés vintage que dans les marques de haute couture puisque Davide travaillait dans la mode (NDLR : Davide devait rejoindre la direction artistique de la maison Moschino au moment de sa disparition après de nombreuses années chez Gucci).
Moi : et comment choisis tu les tissus ?
Richard : j’utilise beaucoup de fins de série de grandes marques d’où la composition d’empiècements et de patchworks dont j’adore le style. Et j’aime l’idée que ça évite le gaspillage.
Moi : on voit que la couleur s’invite aujourd’hui dans tes collections.
Richard : oui c’est vrai que la première collection était très sombre car je venais de perdre Davide et tout était devenu vraiment très dur. Aujourd’hui, le manque est toujours aussi difficile à vivre mais j’ai tendance à davantage me remémorer nos années ensemble qui ont été très joyeuses. Ce sont les couleurs de nos éclats de rire, de nos voyages, de notre complicité.
Moi : et ton vestiaire s’agrandit ?
Richard : oui, en plus des chemises, j’ai eu l’envie d’ajouter des shorts et des pantalons. Davide adorait les ensembles. Comme le prouvent ces photos alors que nous étions au mariage d’un de nos amis (NDLR : il me montre une photo encadrée sur laquelle ils portent de très beaux ensembles dans des tissus indiens). Et puis il y a maintenant les bougies car encore une fois, avec Davide, nous partagions l’amour du parfum et de cet objet qui peut être très beau.
Moi : te voilà créateur de mode ! Toi qui a toujours eu ce penchant pour la création, comment se fait-il que cela t’arrive un peu comme un accident ?
Richard : en fait, j’ai toujours voulu faire des études de mode mais pour mes parents, c’était inenvisageable. Et ils étaient parfaitement contre l’idée que je vienne à Paris. Je suis donc parti de ma Bretagne natale pour m’installer à Paris en 2000 par mes propres moyens. J’ai tout d’abord partagé un appartement de 50 m2 avec plein de copines et j’ai bossé dans des boites de nuit. J’y ai rencontré le directeur artistique de Tony&Guy et j’ai démarré dans la coiffure en tant que coloriste. 10 ans après, je suis parti en Australie avant de retourner travailler chez T&G puis chez Christophe Robin. J’ai ensuite fait une école de maquilleur et ai intégré l’opéra de Paris en tant que maquilleur et perruquier puis pour la mode.
Moi : finalement, toutes tes expériences, tes rencontres et ta vie t’ont conduit à créer cette marque qui souligne ta passion première pour la mode ?
Richard : oui c’est absolument ça. Mon parcours pour devenir maquilleur et coiffeur pour les défilés et magazine de mode, ma rencontre avec Davide sans oublier ma meilleure amie Belgi qui est styliste et m’accompagne dans la création de tous mes modèles. Tout m’a porté vers le but qui était déjà le mien à 20 ans !
Moi : finalement Nana Leone, c’est une évidence ?
Richard : oui une évidence et au-delà, c’est une déclaration d’amour à mon fiancé, une déclaration d’amour à mes chiens que nous avons eu ensemble (NDLR : Nana Leone est le nom de leur première chienne, Leone étant par ailleurs le prénom de son père décédé il y a plusieurs années) et une déclaration d’amour à mes meilleures amies qui me soutiennent et m’accompagnent aujourd’hui.